Histoires de chasse
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- 14/07/2014 à 12:50 #415757
Raphael30 – Modérateur LocalisationNord Bouches du Rhône
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Voilà, je viens de terminer un excellent livre de Wilbur SMITH : « L’½il du faucon».
Et il y a un passage particulièrement palpitant.
Si palpitant que je l’ai lu et relu plusieurs fois.
Il m’a semblé que je me devais de le partager avec vous, enfin avec ceux qui n’ont pas lu le livre.
Et puis, les histoires de chasse, puisqu’il s’agit d’une histoire de chasse , méritent bien de se voir réserver une rubrique à part.
Je précise dès le départ qu’il s’agit d’un extrait et seulement d’un extrait du livre de W. SMITH, sans doute vous donnera-t-il envie de lire l’½uvre dans son intégralité, elle en vaut la peine.Donc, pour résumer, l’action se déroule durant la 2e moitié du XIXe siècle, en Afrique Australe et plus précisément dans ce qui devait s’appeler plus tard le Zimbabwe, alors inexploré par les Blancs. Le Major Zouga Morris Ballantyne est devenu chasseur professionnel d’éléphants (autre temps, autres m½urs !!). A cette époque, les moyens sont les suivants : une armada de porteurs, des chariots tirés par des boeufs et comme armes, des fusils à chargement par la gueule, poudre noire et balles en plomb durci au mercure. Le calibre ? 10, 8, voire même le calibre 4.
La technique est simple, s’approcher le plus près possible de l’animal sans être détecté et lui loger une balle dans un endroit vital. Des porteurs de fusils fiables et sachant recharger rapidement sont plus que nécessaires…..
Zouga Ballantyne, escorté de son guide Hottentot Jan Cheroot et de 4 porteurs de fusils qu’il a surnommé : Jean, Luc, Mathieu et Paul s’est lancé à la poursuite d’un gigantesque et très vieil éléphant aux défenses immenses. Le patriarche est escorté par un autre male (askari) chargé de le protéger. Les conditions climatiques sont exécrables, mais Zouga est pris par le démon de la chasse et il s’élance à la poursuite de l’animal….
16/07/2014 à 15:28 #584311
Raphael30 – Modérateur LocalisationNord Bouches du Rhône
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….A 150 mètres de Zouga, le vieux mâle rejoignit les traces des hommes qui l’arrêtèrent comme s’il avait heurté un mur de verre. Il se ramassa sur son train arrière en arrondissant le dos et levant haut sa tête armée d’ivoire ; ses oreilles en lambeaux soudain déployées comme la grand-voile d’un majestueux navire claquaient avec un bruit de tonnerre contre ses épaules….
Jan Cheroot mit un genou à terre et leva rapidement son mousquet. Au même instant, l’askari marqua un temps d’arrêt et obliqua vers la gauche en croisant la trajectoire de son leader. Peut-être cela avait-il été intentionnel, mais ni Zouga, ni Jan Cheroot ne le pensaient. Ils savaient seulement que le cadet se plaçait sur leur ligne de feu et protégeait l’autre éléphant de son corps.
« Tu le veux ? Eh bien, prends ! » cria Jan Cheroot furieux, sachant qu’il avait perdu trop de terrain en s’arrêtant pour épauler.
Il visa la hanche et le mâle chancela. Des particules de boue rouge jaillirent au poin d’impact de la balle, et il ralentit l’allure pour ménager son articulation endommagée en s’écartant de sa route et présentant son flanc aux chasseurs, tandis que le grand mâle poursuivait sa course.
Zouga aurait pu tuer l’éléphant blessé en visant le c½ur, car l’animal avait pris un trot trainant et se trouvait à moins de 30 pas, mais il passa à sa hauteur sans s’arrêter et lui accorda à peine un regard, sachant que Jan Cheroot achèverait la besogne. Il poursuivit le grand mâle, mais malgrè tous ses efforts, il perdait régulièrement du terrain.1- A SUIVRE…
Réponse ci-dessus posté le lundi 14 juillet 2014 : 12:50…. Devant eux s’ouvrait une légère cuvette, et au-delà, le terrain remontait vers une autre crête sur laquelle des tecks sauvages se dressaient sous la pluie comme des sentinelles. L’éléphant descendit la déclivité sans perdre de sa vitesse et allongea même sa foulée, si bien que ses pas résonnaient comme le battement régulier d’une grosse caisse et que l’écart se creusait avec son poursuivant, puis, parvenu au fond de la cuvette, il parut stopper son avance.
Le sol détrempé n’avait pas supporté son poids et, enfoncé presque jusqu’aux épaules, il était obligé de se projeter avec violence en avant à chaque pas pour s’extraire de la boue collante….
Zouga se rapprocha rapidement, et l’exultation pris le pas sur la faiblesse et la fatigue. L’ivresse du combat s’empara de lui. Il atteignit le terrain marécageux tandis que le grand mâle se débattait toujours.
Zouga se rapprochait inexorablement. A moins de 20 mètres, il s’arrêta enfin, en équilibre sur un îlot formé par de hautes herbes…..
Il ne pouvait plus commettre d’erreur cette fois…. Il savait où se trouvaient les organes vitaux et les points vulnérables dans la messe gigantesque du corps de l’éléphant. A cette distance et sous cet angle de tir, la balle devait fracasser la colonne vertébrale entre les omoplates sans perdre de sa vitesse et poursuivre sa trajectoire jusqu’au c½ur et aux artères qui alimentent les poumons.
Il effleura la gâchette ultrasensible et, avec un « pan ! » de carabine-jouet, le fusil fît long feu…
Zouga atteignît la terre ferme, jeta son arme inutile et, trépignant d’impatience, cria à ses porteurs de lui apporter un autre fusil.2- A SUIVRE….
Réponse ci-dessus posté le mardi 15 juillet 2014 : 18:07« Dépêche-toi ! Dépêche-toi ! » hurlait Zouga.
Il prit le fusil des mains de Mathieu et s’élança à la poursuite de l’éléphant….
Zouga courait en faisant appel à toute sa volonté, pendant que derrière lui, Mathieu ramassait l’arme qu’i avait jetée et la rechargeait machinalement, emporté par l’excitation de la poursuite.
Il versa une autre poignée de poudre noire sur la charge et la balle qui se trouvaient déjà dans le canon et bourra une seconde balle de plomb d’un quart de livre sur le tout. Ce faisant, il transformait le fusil en une bombe qui pouvait estropier ou même tuer le tireur. Mathieu glissa une amorce sur la cheminée et escalada la pente à la suite de Zouga.3- A SUIVRE….
Réponse ci-dessus posté le mardi 15 juillet 2014 : 18:21L’éléphant approchait de la crête et Zouga ne gagnait guère de terrain. Il était à bout de forces…… Sa vision se brouillait, il trébuchait et glissait sur les rochers couverts de lichen humide, la pluie lui battait le visage et l’aveuglait. A une soixantaine de mètres devant lui, le grand mâle atteignît la crête et fit alors ce que Zouga n’avait encore jamais vu faire par un éléphant traqué : les oreilles dressées, il se tourna de coté pour regarder les chasseurs et leur présenta le flanc…….
Pendant un moment il resta ainsi, dressé de toute sa hauteur sur le fond du ciel gris, luisant de boue et de pluie ; la déflagration résonna comme une grosse cloche de bronze, la longue langue de flamme rouge brilla brièvement dans la semi-obscurité et la balle l’atteignit à l’épaule.
Le coup fit chanceler l’homme et la bête, Zouga déséquilibré par le recul, l’éléphant percuté par la balle en pleine poitrine et ployant son arrière-train, ses vieux yeux chassieux se fermant sous le choc.
Malgré la violence de l’impact, le grand mâle resta debout ; il rouvrit les yeux et vit l’homme, cet animal détesté, nauséabond et obstiné qui le persécutait avec acharnement depuis tant d’années.
Il s’élança vers lui comme une avalanche de granit et ses barrissements se répercutèrent contre le ciel bas ; Zouga se retourna et s’enfuit devant la charge tandis que le poids de l’animal tout proche faisait trembler la terre sous ses pieds.4- A SUIVRE….
Réponse ci-dessus posté le mercredi 16 juillet 2014 : 09:08Mathieu resta en position malgré le terrible danger. Zouga lui en fut immensément reconnaissant. Il accomplissait son devoir et tendait le second fusil à son maître.
Zouga le rejoignit, l’éléphant sur ses talons, lâcha son arme encore fumante, arracha le fusil des mains de Mathieu, sans se douter un seul instant qu’il contenait une double charge, et fit volte-face en tirant le chien et en épaulant.
L’énorme animal était sur lui, cachant le ciel de sa masse, ses longues défenses dressées comme des troncs d’arbre, sa trompe se déroulant déjà pour saisir Zouga.
Zouga appuya sur la gâchette, et cette fois-ci le coup partit. Avec un bruit épouvantable, le canon explosa et s’ouvrit comme les pétales d’une fleur, la poudre lui brûla le visage et la barbe. Le chien arraché lui lacéra profondément la joue juste sous l’½il droit ; l’arme lui échappa des mains et lui enfonça l’épaule avec une telle violence qu’il sentit les ligaments et les tendons se déchirer. Il fut culbuté en arrière et se retrouva hors de portée de la trompe meurtrière.5- A SUIVRE….
16/07/2014 à 19:39 #584377
grandet LocalisationNord BdR ......entre aubépines et prunelles
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Ah…..Qu’on est bien dans le poste !! Mais on veut la suite.
16/07/2014 à 20:11 #584380
Raphael30 – Modérateur LocalisationNord Bouches du Rhône
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Pour l’éléphant, il faut un poste blindé, type casemate.!!!!
La suite pour très bientôt…16/07/2014 à 20:21 #584381Bonsoir raphael,
merci pour le partage de cette histoire prenante… Vivement la suite.16/07/2014 à 20:33 #584383Merci raphael30, ce recit est vraiment passionnant….c’est le feuilleton de l’été.
j’attend le prochain épisode avec impatience.16/07/2014 à 21:52 #584391
13eliot13 Localisationpartout où je peux l'être
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Salut Raphael, merci pour ce récit maintenant j’attend la suite.:bj:
16/07/2014 à 23:26 #584399
Raphael30 – Modérateur LocalisationNord Bouches du Rhône
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… alors, on continue… un peu…. j’ai sommeil…. m’enfin !!!
Il tomba lourdement derrière un tas de pierres, l’éléphant s’arrêta, accroupi sur ses pattes de derrière pour éviter la flamme et la fumée de l’explosion, un instant aveuglé, puis il vit le porteur de fusil, toujours debout devant lui.
Le pauvre, le brave et fidèle Mathieu se mit à courir, mais l’éléphant le rattrapa avant qu’il ait parcouru 10 mètres. Il le saisit par la taille avec sa trompe et le projeta en l’air comme s’il avait été aussi léger qu’une balle en caoutchouc. Mathieu monta à une douzaine de mètres en battant des bras et des jambes, ses cris de terreur couverts par les barrissements assourdissants. On eût dit le sifflement d’une chaudière surchauffée par un machiniste fou, et Mathieu parut s’élever lentement dans les airs, rester suspendu un instant puis retomber au ralenti.
L’éléphant le rattrapa au vol et le renvoya encore plus haut.
Zouga réussit à s’asseoir. Son bras droit pendait inerte, le sang coulait à flots de sa joue et inondait sa barbe, ses tympans étaient si traumatisés par l’explosion que les cris de l’éléphant lui semblaient lointains et étouffés. A moitié groggy, il leva les yeux et vit Mathieu monter très haut puis retomber lourdement et l’éléphant commencer à le tuer.6- A SUIVRE….
17/07/2014 à 09:31 #584405salut le drame ce poursuit!!!!!
17/07/2014 à 11:20 #584406Salut,
Bonne idée
J’attends la suite…..
Allez au travail!!!!!!! :lick:17/07/2014 à 15:17 #584410
grandet LocalisationNord BdR ......entre aubépines et prunelles
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3654 personnes qui attendent………………………………………………………#snif#
17/07/2014 à 21:11 #584418C’est cruel de nous mettre des bribes de de ce fabuleux récit…. La suite svp svp svp.
17/07/2014 à 21:51 #584419
Raphael30 – Modérateur LocalisationNord Bouches du Rhône
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Un whisky et quelques glaçons plus tard… :toudou:
Voilà une partie de la suite.Se détournant de ce macabre spectacle, Zouga posa le fusil vide sur ses genoux et entreprit de le recharger de la main gauche.
A vingt pas de lui, l’éléphant s’agenouillait au-dessus du corps décapité et lui plongeait une défense dans le ventre.
Zouga parvint péniblement à verser une poignée de poudre dans la gueule de son fusil en s’efforçant de ne pas se laisser distraire de sa tâche.
L’éléphant leva sa trompe et l’enroula comme un python autour du corps martyrisé de Mathieu qui pendillait empalé sur la défense rouge de sang.
Zouga laissa tomber une balle dans le canon et la bourra d’une main avec son refouloir.
L’éléphant arracha un bras du cadavre qui glissa de la trompe et retomba par terre.
Gémissant de douleur, Zouga pointa son arme et tira le chien dont le puissant ressort résistait.
Agenouillé sur ce qui restait de Mathieu, l’éléphant le réduisait en bouillie en l’écrasant contre la roche.
En tirant son arme avec lui, Zouga rampa jusqu’au tas de pierres derrière lequel il était tombé. Toujours de la main gauche, il y posa en équilibre la crosse du lourd fusil.
L’animal continuait de pousser des cris furieux tout en poursuivant sa besogne.
A plat ventre, Zouga visa, mais d’une main, il était quasiment impossible de maintenir l’arme dans la bonne position et sa vision s’embuait et tremblotait sous l’effet de la douleur et de l’épuisement.
Pendant un instant, la mire se trouva alignée avec l’½illeton, et il laissa partir le coup.7- A SUIVRE….
17/07/2014 à 23:40 #584422et alors???? non, ça peut pas s’arreter là!!!! je veux pas attendre demain pour la suite!!!! Raphael, s’il te plait……
18/07/2014 à 05:28 #584423
Raphael30 – Modérateur LocalisationNord Bouches du Rhône
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Petite insomnie….
Donc, encore un passage, avant que le sommeil ne me reprenne…Les barrissements de l’éléphant s’arrêtèrent brusquement. Quand la fumée fut emportée par la brise, Zouga vit que le grand mâle s’était péniblement redressé et se balançait d’un pied sur l’autre. Sa tête massive s’affaissait sous le poids de ses défenses maculées de sang et sa trompe pendait aussi mollement que le bras blessé de Zouga.
Un bourdonnement lugubre s’échappait de la poitrine de la bête et, au rythme de son énorme c½ur, son sang jaillissait par jets réguliers de la blessure ouverte par la deuxième balle juste derrière l’articulation de l’épaule et coulait le long de son corps en un flot épais comme du miel.
L’animal se tourna vers l’endroit où Zouga était allongé et se dirigea vers lui en soufflant comme un vieillard épuisé et en agitant l’extrémité de sa trompe, mû par un reste d’instinct guerrier.8- A SUIVRE….
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